Rwanda – Son histoire
Le Rwanda, nous y voilà. Ce pays que nous apercevons en tout petit sur la carte de l’Afrique, ce petit pays, chargé d’histoire, surnommé « le pays aux mille collines ».
Logés dans une famille Rwandaise, nous habitons au cœur d’un quartier vivant et coloré. Tristan, le fils de la famille travaille dans l’ONG AEGIS, qui œuvre dans la prévention des génocides et des crimes contre l’humanité. Chargé de rencontrer les victimes du génocide qui a frappé le Rwanda en 1994, Tristan récolte des interviews afin d’inculper les génocidaires, de sensibiliser la population et d’éduquer les enfants afin de ne pas reproduire ces atrocités.
Le génocide de 1994 s’inscrit historiquement dans un projet génocidaire latent depuis plusieurs décennies, à travers plusieurs phases de massacres de masse. L’idée de séparé le peuple en deux « races » remonte à la colonisation allemande et belge. Ensuite la guerre civile rwandaise de 1990 à 1993 oppose le gouvernement rwandais, constitué de Hutu, au Front patriotique rwandais (FPR). L’assassinat du président rwandais le 6 avril 1994 servit de prétexte aux extrémistes Hutu pour mener leur objectif génocidaire contre les Tutsis.
L’ONU estime qu’environ 800 000 Rwandais, en majorité tutsis, ont perdu la vie durant ces trois mois. D’une durée de cent jours, ce fut le génocide le plus rapide de l’histoire et celui de plus grande ampleur quant au nombre de morts par jour. Tué à coup de machette, enterré vivant, torture, viol, même le VIH était utilisé comme une arme de guerre pour faire souffrir au maximum la population.
Malgré qu’elle en avait les moyens, la communauté internationale n’a pas réagi. Le gouvernement français a même pris partie des extrémistes Hutu au départ en participant à l’armement et à la formation des milices génocidaires avant de finalement retourner sa veste…
Aujourd’hui, 25 ans plus tard, le climat est très calme, on ne sent pas de tensions, encore moins de rivalité entre deux peuples. Il n’est plus question de prononcer les mots Hutu et Tutsi, le président a mobilisé son peuple dans la demande du pardon et l’heure est à l’union du peuple rwandais. On constate cependant de nombreuses personnes amputées, de nombreux orphelins, beaucoup de famille déchirée, de mères veuves, les conséquences du génocide sont palpables.
Pour aller plus loin sur l’implication de la France dans le génocide, voici un documentaire permettant de comprendre la montée de cette haine entre deux peuples (https://youtu.be/9LWMzPhW9BU) ainsi qu’un film romancé, issu d’une histoire vraie (« Hotel Rwanda »).
Immergés dans la vie locale de Kigali, capitale du Rwanda, nous nous impliquons tous deux dans des domaines qui nous tiennent à cœur : l’éducation et la santé.
Stage CHUK – Pierrick
En stage pour un mois dans l’hôpital universitaire de Kigali, Pierrick intègre le service de médecine interne. Aux côtés des interne et des médecins, les pathologies graves sont nombreuses, ça vaudrait presque le service réanimation en France. Pourtant ici c’est un service classique avec des lits séparés par des draps dans une grande salle. Chaque lundi matin, les lits se vides, les décès sont nombreux et réguliers. Le diagnostic est surtout clinique et les rapports médicaux en anglais.
De nombreuses pathologies traitable en Europe sont ici mortelles en quelques semaines : insuffisance rénale, méningite, insuffisance cardiaque, lymphome, début de cancer… Les conditions restent précaires, les infections nosocomiales et les escarres sont très nombreux. Difficile d’être confronter au manque de moyens de l’hôpital qui est pourtant celui de référence du pays : pas de chimiothérapie, pas d’IRM ni même de bétadine.
On prend alors conscience de la chance d’avoir accès aux soins quasi gratuitement partout en France car ici une nouvelle dimension s’ajoute : le manque d’argent. Le prix des examens, pourtant de l’ordre de quelques euros, engendre souvent une absence de diagnostic précis. Les patients ne peuvent pas se payer leurs traitements ce qui mène souvent à leur décès comme par exemple pour ceux nécessitant une dialyse à long terme. L’argent prend tout de suite une autre valeur et cinq euros peuvent sauver une vie. Une infectiologue venue des USA apporter son savoir-faire a d’ailleurs mis en place une cagnotte pour aider les malades qui ne pouvaient pas se payer leurs soins.
Malgré ce contexte, les médecins sont très humains, prennent le temps avec les patients et aime partager leur savoir notamment en examen clinique. Il y a beaucoup de respect et d’entraide entre les malades et leur famille. Personne ne râle jamais même il faut parfois plusieurs semaines pour avoir le résultat d’un examen ou une échographie.
Ecole Kinyinya – Maëlle
Sensible à l’éducation, Maëlle s’engage bénévolement dans une association locale : OVC Rwanda (Orphans and Vulnerable Children). Créée en 1995 par Emmanuel UWAMAHORO, lui-même orphelin à l’âge de 3 ans, l’ONG vient en aide aux enfants orphelins du Rwanda, enfants pauvres, handicapés et enfants de la rue.
En 2012, le gouvernement du Rwanda décide de fermer tous les orphelinats du pays. Les orphelins sont alors placés dans des familles d’adoption bénévoles.
Toutes les écoles maternelles du pays sont privées, les familles volontaires et les familles très pauvres n’ont pas les moyens de payer les frais de scolarités aux enfants. Ceux-ci ne vont pas à l’école jusqu’à l’âge de rentrer en primaire à l’âge de 8 ans. A leur entrée à l’école, ils sont rapidement en décrochage scolaire, dans le meilleur des cas redoublent et sinon sont déscolarisés et deviennent des enfants des rues, sans métier, à mendier.
L’école de Kinyinya, dans la ville de Kigali, accueille les orphelins et les enfants pauvres du village qui ne peuvent pas payer les frais de scolarité. L’association OVC Rwanda soutien les familles d’adoption et l’école qui ne permet pas aux enfants d’étudier dans de bonnes conditions.
Touchée par les enfants et l’équipe pédagogique, Maëlle propose d’organiser quelques activités pour la durée de son séjour à Kigali. Tout de suite emballés, on planifie 3 semaines d’activités : activités de créativité, d’éducation à l’environnement et d’éducation à l’hygiène. C’est prenant, les enfants sont très investis, attentifs et motivés à découvrir de nouvelles activités.
Marquée par le dévouement de cette association et par la pauvreté de l’école, nous décidons de lancer une cagnotte en ligne, permettant de récolter de l’argent en faveur de cette ONG, qui soutient les familles des enfants orphelins et l’école. Nous prenons la route début Août 2019 pour une boucle de 3000 kms à travers l’Afrique de l’Est (Rwanda, Tanzanie, Burundi). Les donations récoltées permettront de nous faire avancer et surtout de soulever des fonds en faveur des orphelins du Rwanda, argent que nous remettrons en mains propres lors de notre retour à Kigali au mois de Septembre.
Projet : Pédalons pour les enfants du Rwanda (vidéo en haut de page).
Lien cagnotte en ligne : http://www.leetchi.com/c/pedalons-pour-les-orphelins-du-rwanda
Week-end en dehors de Kigali – Musanze & Gisenyi
Difficile de planifier un week-end dans un pays où toute activité touristique est devenue payante. En effet, le tourisme se développe au Rwanda, penchant vers un tourisme de luxe. De nombreux touristes viennent au Rwanda, pour quelques jours, afin de se visiter les parcs nationaux et de s’émerveiller devant les gorilles, pour le modeste prix de 1500€/personne. Triste réalité des inégalités, quand on sait que l’on mange pour 1€ dans le pays. Via le site couchsurfing, nous sympathisons avec des locaux : Patrick, qui nous guide à travers les petits villages, lacs et îles au Nord du pays (Muzanze) et Emmanuel, pour qui nous donnons un coup de main dans la fabrication d’une libraire dans un village très pauvre (Gisenyi).
Nous profitons loin de la pollution de Kigali, et nous émerveillons devant la richesse de la nature : cueillettes des avocats, mangues, directement sur les arbres, observations des colibris, des oiseaux colorés. Nous commençons à rêvasser de prendre la route dans quelques jours …
Afric’Artemisia – Késako ?
Afric’Artemisia, pourquoi un tel nom de projet ? Le film Malaria Business nous éveille, lors de sa diffusion au festival du curieux voyageur en 2018 à Saint Etienne… Existe-il vraiment une plante, l’Artemisia, capable de soigner la maladie du paludisme ? Curieux, nous rencontrons Alexandre Poussin, lui-même guéri par la maladie du paludisme lors de son aventure Mada’Treck.
Le projet commence à germer… Nous nous rendons à Paris, rencontrer Lucile Cornet, directrice de l’ONG Les Maisons de l’Artemisia, qui permet de développer des maisons en Afrique (plus d’une cinquante déjà créée).
Ces rencontres nous questionnent et nous poussent à partir à la rencontre de cette plante et de ces personnes, engagées pour la lutte du paludisme en Afrique. Sujet passionnant quand on sait que la maladie tue plus 500 000 personnes par an en Afrique, principalement des enfants.
A Kigali, nous rencontrons rapidement la maison de l’Artemisia, ouverte depuis un mois. Ici, culture de la plante, de la pépinière jusqu’à la vente. Trois permanents s’occupent de cultiver et vendre la tisane.
Départ pour notre boucle de 3000 kms
Premiers coups de pédales au Rwanda. Jamais seuls, nous partageons des bouts de routes (enfin pistes) avec les locaux, tous à vélo ! Chargés de bananes, caisses de bières, eau puisée au puit du village, ou alors de clients (taxi-velo), c’est avec le sourire que nous découvrons ce pays aux milles collines.
Les cris et rires des enfants, les « Mzungu » (étranger) et les saluts de la main rythment nos journée.
Suite du récit ici :