Avec tout ce que nous avions lu sur les blog, nous appréhendions le passage de frontière du côté chinois.. Les bâtiments des postes de frontière sont immenses, nous passons toutes nos sacoches (et nous-même) aux rayons X, elles sont fouillées, nos photos et vidéos des appareils photos et portables survolées, nous laissons nos empreintes digitales, chaque policier enregistre dans son téléphone portable sur une application les informations de notre passeport et visa et nous prend en photo… Bref on ne risque pas de passer entre les mailles du filet, et nous sommes impressionnés par la multitudes de contrôles.
Nous arrivons dans la région du Xinjiang, qui est une des cinq provinces autonomes de la république populaire de chine, sol sur lequel nous ne pouvons pas donner les premiers coups de pédales. Nous sommes contraints d’effectuer les 150 premiers kilomètres en taxi, et ensuite de rouler 100 km en vélo sur l’autoroute pour arriver à Kashgar. Les contrôles de police sont omniprésents, il y a des policiers à chaque coin de rue, devant les magasins, devant les banques, devant les stations essences, nos passeports n’ont jamais été autant contrôlés en si peu de temps. Sur la route il y a des barrages de police qui nous font perdre parfois une demi-heure.. Nous regrettons déjà les grands espaces Kirghiz… et notre liberté.
45% de la population de la région du Xinjiang est ouïghoure (d’origine turcophone), de religion musulmane, alors que la population chinoise, les Hans, sont pour majorité bouddhistes. Les ouïghoures réclament leur autonomie, ce que le gouvernement répond par une politique de hanisation, c’est-à-dire favoriser l’émigration des Hans dans cette région et par une répression importante. En creusant un peu sur le sujet, nous avons découvert la présence de nombreux camps de « rééducation » dans cette région du Xinjiang, où y sont envoyés les opposants politiques. Il est très difficile d’obtenir des informations sur le sujet, et nous ne prenons pas le risque d’en parler aux locaux (sous peine qu’ils soient repérés et punis).
Nous comprenons donc les fameux 150 kms obligatoires en taxi… Il serait trop risqué pour le gouvernement de laisser des vélos vadrouiller en liberté et de découvrir des vérités cachées…
Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises et de nos peines, car nous partons désormais pédaler sur les plateaux tibétains, où les relations tibétaines/chinoises sont étroitement compliquées depuis de nombreuses années.
(Les arbres chinois des villes sont sous perfusion.. l’horreur !! )
L’Ouest de la Chine étant désertique, nous prenons quelques transports en commun pour arriver proche de la région du Sichuan (Kashgar – Turpan – Xining – Yushu). Ce long trajet impose quelques pauses dans les villes, où nous profitons pour découvrir des spécialités culinaires (pour se faire des bonnes bouf’ surtout :D) et pour reposer les jambes avant les cols tibétains.
(Plus de 15h de trajet en train assis, tous serrés les uns aux autres, on se sent vite immergés ! – les vélos intriguent toujours et sont sujets de conversation… même si nous essayons d’apprendre le chinois, la communication n’est pas évidente !)
Vite vite nous sommes pressés de retrouver nos vélos, notre liberté et les grands espaces ! Bye bye les villes, la pollution, le stress et les contraintes urbaines…