Arrivée au Burundi – Septembre 2019
Derniers kilomètres en Tanzanie, nous laissons derrière nous les singes, les zèbres et la tranquillité des rives du lac Tanganyika, pour le Burundi.
Ce « petit pays » selon Gaël Faye n’est pas plus grand qu’une région française et son histoire n’a malheureusement rien à envier à son voisin le Rwanda : coups d’État à répétition, guerres, massacres entre ethnies et dictature… On comprend vite que 2/3 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et que le pays vit sous perfusion des aides internationales coupées dernièrement pour instabilité politique.
À notre arrivée, nous sommes marqués par la curiosité des burundais. À chaque arrêt, on observe une foule se former autour des vélos, le tourisme est rare alors des blancs à vélo ça devient exceptionnel ! Ici on a le droit à des ‘nihao’ partout, faute à l’emprise de la Chine sur les marchés locaux (supermarchés, routes, barrages, TV etc…), c’est bien la première fois qu’on nous confond avec des chinois.
Nous longeons les 100 kms de culture de palmiers qui alimente la grosse fabrique d’huile de palme de Rumonge. Ici ce n’est pas pour la mettre dans le Nutella mais plutôt dans nos haricots rouges adorés, on commence à comprendre pourquoi on a du mal à digérer dans les innombrables montées…
Dans les descentes on croise d’ailleurs ces kamikazes de la route, lancés à plus de 70km/h sur des vélos rouillés débordant de charbon ou de bananes, qui remontent ensuite accrochés derrière un camion.
L’Artemisia : une plante qui peut sauver des millions de vie
Au Burundi, plus de 50% de la population est atteinte de la malaria, avec déjà plus de 2000 morts depuis le début de l’année. Ici, les initiatives sont nombreuses afin de développer, cultiver et distribuer l’Artemisia Annua et Afra.
La majorité des africains n’a pas accès aux médicaments en pharmacie du fait de l’isolement ou de leur prix. Ici la cure d’ACT ou de quinine est en moyenne de 8000 francs burundais (3€), soit environ le salaire de 4 jours de travail pour un agriculteur. Impossible de payer ce prix pour ses 8 enfants lorsqu’ils tombent malades tous les deux mois… De plus les faux médicaments se multiplient et représentent plus de 20% du marché et les résistances face aux médicaments se développent. Toutes ces problématiques sont difficiles à imaginer dans nos bureaux en France mais sont pourtant bien réelles ici.
Le développement de l’Artemisia permet la prévention, la guérison, la création d’emploi (agriculteurs et producteurs), le tout dans une dynamique de développement durable (production et consommation locales) et éducative (apport de connaissances et indépendance de la population).
À Bujumbura, nous rencontrons Ginette Karirekinyana, Directrice de Karire Products Made in Africa spécialisé dans la production de plantes médicinales.
Nous sommes invités dans une conférence de presse afin d’expliquer notre projet et les bienfaits de l’Artemisia.
http://umuringa.com/…/LA-PLANTE-ARTEMISIA-SOLUTION-MIRACLE-…
Nous apprenons que depuis quelques semaines, le gouvernement soutient la multiplication de la plante afin d’éradiquer la malaria dans le pays. L’objectif serait que chaque famille obtienne 3 plants d’Artemisia Afra afin de se soigner de façon autonome et gratuite.
Nous rencontrons des agriculteurs, des personnes guéries du paludisme grâce à la plante et des acteurs militants dans son expansion dans le pays. Nous sommes bluffés par l’action de cette plante et la mobilisation de certains Burundais.
Nous continuons la route direction Gitega, à la rencontre d’autres acteurs engagés dans la plantation, la diffusion et la sensibilisation de l’Artemisia.
Les acteurs du développement de l’Artemisia au Burundi
A Gitega au Burundi, nous sommes accueillis par le père Bernard Lesay. Agé de 88 ans il travaille depuis plus de 60 ans avec les « pères blancs missionnaires d’Afrique » afin d’aider les pauvres parmi les pauvres comme il le dit si bien.
Depuis 10 ans il se dévoue au développement de l’Artemisia Annua et Afra pour soigner les populations les plus démunies du paludisme, notamment le peuple Batwa.
Les Batwa sont apparentés aux Pygmées et vivaient depuis des milliers d’années dans la forêt, de chasse et de cueillette. Depuis la colonisation, ils sont victimes du développement démographique, de la culture des terres et de la destruction de la forêt. Contraints de quitter leur forêt, la vie en société leur est compliquée. Rejetés par les habitants, les enfants ne sont pas scolarisés et les parents ne peuvent plus troquer leur poterie contre de la nourriture. Difficile de concevoir l’agriculture et l’élevage, impossible de regarder une vache brouter pendant 2 ans sans la manger, alors qu’il suffisait autrefois d’un arc et d’une flèche pour se nourrir. Aujourd’hui ce peuple vit dans une situation très précaire.
Immergés dans le fléau du paludisme au Burundi
Immergés dans un dispensaire de santé de la province de Rutana, nous assistons au défilé de mamans, tenant dans leurs bras leurs enfants, fiévreux et fatigués. 70% des malades venant au dispensaire présentent un test positif au paludisme, soit plus de 25 personnes par jour dans ce petit dispensaire de campagne !
Ne disposant d’aucune prévention, la population tombe malade environ tous les deux mois. Les médicaments sont coûteux et ne fonctionnent que temporairement. Malades, les parents ne peuvent plus travailler et les enfants ne vont plus l’école. En saison des pluies c’est toute l’économie du pays qui est paralysée par le paludisme.
Dans le diocèse de Rutana, l’évêque a été guéri du paludisme grâce à l’Artemisia Annua. Convaincu, il se mobilise pour cultiver et distribuer cette plante. Accompagnés par l’Abbé Félix, nous visitons les champs d’Artemisia et rencontrons de nombreuses personnes guéries du paludisme grâce à cette plante : enfants, femmes, hommes, vieillards, enseignants, agriculteurs, religieux, tous témoignent de leur guérison grâce à cette plante.
Une mosaïque de couleurs. Une mosaïque de sourires. Une mosaïque de témoignages sur l’efficacité de la tisane d’Artemisia.
Béatrice, Colline de Rutegama, Burundi, témoigne : « C’était un dimanche, je ne me sentais pas bien, j’avais des maux de tête, des vomissements. Je suis allé au dispensaire me faire soigner, on m’a diagnostiqué le paludisme, à moi et mon enfant. Comme je n’avais pas d’argent, j’ai payé le médicament seulement pour mon enfant. Ensuite, j’ai entendu parler qu’il y avait une plante qui soignait le paludisme. Je me suis précipitée ici, on m’a donné de la tisane d’Artemisia Annua. Je l’ai pris tous les jours de la semaine. Au bout du 7ème jour, j’ai senti que la force revenait, je n’avais plus de nausées ni de maux de tête. Maintenant je vais bien, j’ai pu reprendre mon travail. »
Plus d’informations sur l’Artemisia :
ONG La Maison de l’Artemisia : https://maison-artemisia.org/
Film documentaire Malaria Business :