Proche du Kilimanjaro
Quand les habitants des petits villages tanzaniens autour du Kilimanjaro se mobilisent pour l’éducation des enfants : le pasteur du village décide de créer bénévolement une école pour les enfants en âge d’aller à l’école maternelle (inexistante dans le pays). Tous les jours sont au programme chansons, apprentissage de l’alphabet et porridge cuisiné par la femme du pasteur. Belle initiative.
« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde » N.Mandela
East Africa Community
Tour d’Afrique de l’Est à vélo : c’est le défi de cyclistes passionnés venant du Rwanda, du Burundi, de la Tanzanie et du Kenya, de pédaler 50 jours ensemble afin de renforcer les liens des pays de l’Afrique de l’Est, de prouver leur unité et de prôner les belles valeurs du sport et de la paix.
Croisés sur la route, on bivouac et échange nos histoires de cyclistes autour du feu.
Sur les traces du Roi Lion
Le roi lion, dessin animé qui même 25 ans plus tard nous fait rêver. Hakuna Matata, quel chant fantastique!
À vélo, émerveillés par ces grands et majestueux animaux d’Afrique et par la savane colorée, nous traversons la réserve Enduimet, au Nord de la Tanzanie.
La triste réalité nous rattrape. Le contact avec les communautés Massaï est difficile, on leur paraît comme un porte monnaie déambulant. Ils nous apprennent aussi que certains touristes payent des sommes astronomiques pour venir chasser ces animaux… Belle et contrastée Afrique.
Notre place en Afrique
Déjà 10 jours et 600 km à vélo à travers l’Afrique et à chaque rencontre, à chaque coin de rue la même question, que pensez de notre place ici ? Dans cette zone touristique, en ces temps de grande sécheresse, toutes rencontres cherchent son intérêt, après quelques secondes, nous entendons le même refrain : « donne-moi ton vélo, de l’argent, à manger. » Nous en venons au point de chercher l’isolement. Notre couleur de peau est synonyme d’argent, peu importe que l’on soit jeune, vieux, maigre, mal habillé, en 4*4 ou à vélo.
Nous sommes tristes de voir l’humanité troquée pour quelques billets. Ici on ne nous offre pas de l’eau dans les montées, on nous la réclame, on ne nous fait pas de gestes de bienvenue pour camper derrière la maison, on en négocie le prix pour la nuit. L’argent a parfois valeur de survie mais c’est souvent simplement pour s’acheter une bière. L’Afrique nous remet en question, est-ce notre ego d’européen qui est touché par cette triste réalité ? Une nuit en camp pour voir les animaux est à 100€, les locaux n’en gagnent souvent pas plus de 1 par jour. Peut-on se permettre d’implanter un tourisme de luxe dans une région où l’accès à l’eau et l’électricité est inexistant ? Et si donner à manger ou de l’argent entretenait ce clivage de couleur, faut-il pour autant regarder passivement cette réalité glacée ? L’éducation pourrait peut-être amener ces enfants à réfléchir et se trouver un travail, ils regarderaient peut-être notre visage avant notre vélo …
Des hauts, des bas
On reprend les vélos direction l’ouest de la Tanzanie. Nous retrouvons l’asphalte adoré près de Karatu où nous observons le balai incessant de jeep entre parcs nationaux et loges. Malgré l’appel du bitume, nous quittons rapidement ces zones touristiques à travers les pistes des montagnes Kidero pour découvrir une autre ethnie : les Iraqw. Les pistes sont rudes : sable, vent, soleil, sans compter la topographie qui n’a rien à envier aux collines du Rwanda.
Ici l’altitude permet aux cultures de résister à la saison sèche et les Iraqw sont des fermiers cultivant du maïs ou du riz près des lacs. Les gens retrouvent sourires et politesse, ils ne nous demandent plus de l’argent mais où l’on va.
S’arrêter deux minutes pour trouver un coin de bivouac nous permet de rencontrer Michel et sa famille qui nous invitent à planter la tente devant leur maison en boue. Le soir ce sera l’Ugali (polenta) préparé par la grand-mère au feu de bois et porridge maison le matin. Un moment authentique partagé sans attendre en retour, voilà une réponse à ceux qui se demandent encore pourquoi nous partons à vélo. La nuit étoilée nous rappelle l’énergie gaspillée pour éclairer nos vitrines en Europe alors que le ciel en est une incroyable.
Notre place en Afrique est compliquée, définie parfois par l’inégalité crée par le tourisme de luxe ou les images à la TV, le tout sur un passé meurtri par le colonialisme. Malgré ce contexte, il y a de belles surprises et c’est ce que nous essayerons de retenir. Comment expliquer ces différences de comportements à seulement une centaine de kilomètres ? Pour sûr l’autonomie alimentaire et le climat plus clément doivent jouer leur rôle mais chez les Iraqw la culture de l’étranger et l’éducation semblent différentes de notre précédente expérience au Nord du pays. L’éducation serait-elle un des points clé pour retrouver des valeurs d’humanité dans cette Afrique contrastée ?
Entre vélo et philo
Nous repartons en direction du lac Tanganyika. 12 jours de vélo non-stop pour traverser le centre de la Tanzanie. 800 km et 9000 D+ d’efforts, de pistes, de poussière, de solitude, au milieu de la savane sèche. Parfois le corps s’en plaint, les muscles tirent, la peau brûle, les fesses piquent, l’estomac hurle. L’esprit lui se demande comment la vie est possible ici, isolée de tout, sans eau, en cette saison sèche. Pourtant les locaux sortent de nulle part, cachés derrière leurs troupeaux ou leurs maisons en terre.
Sur ces grandes pistes désertiques, nous avons le temps, le temps de refaire le monde, de le détruire et d’en imaginer un meilleur, le temps de sourire à tous les passants avec un signe avec quelques mots de Swahili, le temps de ne plus penser, d’oublier les soucis du passé et de lâcher la pression du futur, d’être dans l’instant, de se voir soi-même avec ses limites.
Le temps n’est plus le même, il prend une nouvelle dimension, une heure a pour synonyme 10 km, le temps file sous nos pneus mais on l’apprécie à chaque nouveau virage. Nos montres nous sont inutiles et le soleil nous sert de repère. A chaque réveil les mêmes pensées : comment sera cette journée ? Comment sera la route, les paysages, les rencontres ? Où dormirons-nous ?
Loin des routines, l’inconnu nous envahi, l’incertitude nous donne le sourire. Nous savourons chacune des journées, si similaires par cette même piste et ces repas qui se résument à riz/haricots rouges, elles nous paraissent pourtant si différentes et intenses par leur péripétie.
Ces pistes infinies, c’est la liberté, de pouvoir faire une pause à l’ombre d’un arbre, de se faufiler dans les hautes herbes pour trouver un bivouac, la liberté de se laisser bercer par nos pensées.
Arrivée au paradis
Ça y est ! Nous retrouvons le bitume à Mbeya pour remonter en direction du lac Tanganyika à la découverte de l’ouest Tanzanien. Les kilomètres défilent sous nos pédales : fini la tôle ondulée et la piste poussiéreuse. Le dénivelé quant à lui reste toujours le même !
La route qui traverse cette savane est quasi neuve, peu de voitures, les petits villages sont fréquents, les gens aimables et les coins de bivouac nombreux.
Le sourire sur nos visages s’agrandit davantage lorsque nous passons de la savane désertique à la plage de rêve en l’espace de quelques coups de pédale. Nous découvrons le décor paradisiaque du lac Tanganyika : plages de sable fin, eau non salée et turquoise. Incroyable cette eau à perte de vue, elle qui nous a tant manquée depuis près de 1500 kms.
Le lac Tanganyika
Faute de chemins nous décidons ensuite de tenter l’option bateau local. Ici, il est quasi impossible d’avoir des infos, pas question d’horaires, le bateau finira bien par passer. Nous comprenons vite pourquoi, la barque en bois avec son petit moteur embarque plus de 50 personnes sans oublier poules, sacs de maïs, planches en bois et tout ce que vous pouvez imaginer (dont nos vélos). Chacun son rôle, il y a le pilote au moteur, celui qui écope en permanence au milieu et celui en front de barque qui se prend pour un pirate digne des caraïbes en annonçant les grosses vagues. Deux trajets de 4h et 8h pour pas plus de 80 km qui nous confirmeront que l’on préfère avoir les roues sur la terre ferme. On continuera donc par des pistes caillouteuses comme on les aime avec des sacrés dénivelés mais récompensés cette fois-ci chaque jour par un bain matinal dans l’eau turquoise.